L’histoire des prisonnières de la Tour de Constance conserve encore bien des mystères. Quel crime ces femmes de foi protestante ont-elles commis pour être enfermées dans cette terrible prison ? Qui était Marie Durand, la plus connue d’entre elles, libérée en 1768 après 38 ans de captivité ? Que se cache-t-il derrière le mot « RESISTER » gravé dans la pierre au centre de la Tour ?
En intégrant notamment les dernières découvertes de l’archéologie sur les « graffitis », cet ouvrage fait le point sur les connaissances actuelles relatives à ces femmes martyres entrées dans l’Histoire.
Ce passage à la postérité n’est pas le fruit du hasard, mais l’œuvre d’écrivains, d’artistes, d’historiens engagés ou émus par le sort de ces résistantes de l’ombre : devenue lieu de mémoire, la Tour de Constance apparaît comme le symbole du combat de ces prisonnières pour la liberté de conscience que nulle violence ne peut détruire.
Emprisonnée parce que protestante dans une France toute catholique, Marie Durand refusa d’abjurer et passa 38 ans dans une prison sinistre et malsaine. On lui attribue la consigne « Résister », gravée dans la pierre du puits, qui 200 ans plus tard et par l’intermédiaire d’une autre protestante, deviendra le mot d’™ordre des opposants à la collaboration avec le nazisme.
Sa correspondance, variée en termes de destinataires et de sujets, décrit le rude quotidien des prisonnières, les réseaux français et étrangers pour les aider et les préoccupations de Marie Durand pour sa nièce exilée en Suisse.
Céline Borello qui présente et annote ces lettres est professeure d’histoire moderne à l’université du Mans. Elle est l’auteure de plusieurs ouvrages sur l’histoire des protestants et l’analyse des discours théologiques et politiques protestants des XVIIIe et XIXe siècles.
J’ai une certaine satisfaction de n’avoir jamais tiré un seul coup de fusil contre un ennemi pendant toute la guerre, bien qu’à un moment donné j’aurais dû le faire.
En 1915, Paul Helmlinger, jeune alsacien de 19 ans est incorporé dans l’armée allemande et envoyé sur le front de l’Est.
Francophile et opposé au militarisme prussien, il résiste avec finesse et courage à l’embrigadement, au « dressage » militaire et à l’asservissement des esprits.
Opposé à « la confiance dans la force des canons et des baïonnettes », le jeune étudiant en théologie nous raconte avec force détails passionnants son aventure involontaire de l’Alsace à l’Ukraine et son retour rocambolesque avec d’autres soldats alsaciens à la démobilisation.
Écrit avec humour et humanité, ce récit picaresque révèle un aspect peu connu de la Grande Guerre, le traitement des soldats alsaciens sur le front de l’Est.
Préface de Marc Lienhard, Doyen honoraire de la Faculté de théologie protestante de l’Université de Strasbourg et spécialiste de l’histoire du protestantisme alsacien. Prix : 9 euros
Rendue célébre pour son rôle au Vel’d’Hiv’ par le film La Rafle, Annette Monod, consacra sa vie aux prisonniers. D’abord travailleuse sociale dans une banlieue ouvrière de Paris, son action dans les camps d’internement français va la transformer.
Particulièrement engagée dans la Résistance durant les annèes sombres de 1940 à 1945, elle prit de nombreuses initiatives personnelles pour le soutien des internés juifs et des prisonniers politiques et fut une témoin majeure de la grande déportation française des enfants juifs.
Pendant les événements d’Algèrie, assistante sociale cheffe à la prison de Fresnes, elle s’oppose aux mauvais traitements infligés aux détenus FLN.
Issue d’une famille protestante engagée dans le christianisme social, elle a continué à interroger sa foi face à ce que l’humain est capable de pire.
Cette biographie rédigée par Frédéric Anquetil, qui l’a bien connue durant ses années de militantisme à l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT), comble une lacune importante de l’histoire de la Résistance féminine non-armée.
Avant-propos de Pierre Lyon-Caen, dont le père François, avocat au Conseil d’État, avait été soutenu au camp de Drancy par Annette Monod.
Postface de Guy Aurenche, ancien président de l’ACAT à l’époque où Annette Monod y menait ses derniers combats.
« En pleine attaque [bataille de la Somme où il sera blessé] le pasteur Nick, dont la haute silhouette (toujours surchargée de musettes, couvertures, paquets divers, tout cela destiné aux blessés) apparaissait au milieu des combattants chaque fois qu’il y avait un coup dur »
(Journal des Marches et des Opération du 201e régiment d’infanterie)
Toujours d’une rare richesse, ce quatrième tome de la correspondance Nick suit l’aumônier Henri Nick de la Somme à Verdun, toujours dans l’action et la compassion ; ses lettres éclairent les problèmatiques humaines, militaires, religieuse, domestiques et philosophiques de la vie au front.
Lorsqu’en juin 1915, le caporal Edmond Cheuva du 43e régiment d’infanterie refuse de participer au peloton qui doit fusiller des soldats russes et arméniens, il justifie son attitude auprès de ses chefs en se référant aux conseils que lui a toujours prodigués Henri Nick, présentement aumônier militaire protestant du 1er CA mais qui est avant tout le directeur de l’oeuvre d’évangélisation protestante au sein de laquelle le jeune homme a grandi. Edmond Cheuva est exempté de peloton d’exécution.
Toujours d’une rare richesse, ce troisième tome de la correspondance familiale Nick continue de porter notre attention sur des problèmatiques diverses, domestiques parfois, protestantes souvent, universelles dans bien des cas.
Le pasteur Henri Nick (1868-1954) est l’une des grandes figures du Christianisme social protestant. Pendant plus de cinquante années, il fait de l’évangélisation populaire dans le faubourg lillois de Fives. Conscient de l’importance du milieu dans la construction d’individualités libres, il se préoccupe aussi bien de la misère sociale que de la situation morale de celles et ceux qui fréquentent le Foyer du peuple.
Aumônier pendant la Première Guerre Mondiale, il s’illustre en 1916 lors des combats de Verdun puis de la Somme, durant lesquels il est blessé, ainsi qu’au Chemin des Dames en avril 1917.
De sensibilité socialiste, sans être un pacifiste radical, il soutiendra les revendications des objecteurs de conscience dans les années trente puis assistera des familles juives persécutées durant la Seconde Guerre mondiale. Il sera reconnu « Juste parmi les Nations ».
« Je vous renvoie ci-joints mes papiers militaires et vous prie de voir l’effet de ma décision de ne plus répondre aux appels que pourra m’adresser l’autorité militaire. »
Cette lettre au ministre de la Guerre qui ressemble à une chanson célèbre marqua le début d’une importante campagne dont Jacques Martin, incarcéré cinq fois pour objection de conscience fut le principal porte-parole avec Henri Roser et leur avocat André Philip (député du Front Populaire puis futur ministre du Général de Gaulle). Mais sa non-violence radicale n’empêche pas une résistance déterminée contre la tyrannie et les injustices. Arrêté par la Milice et condamné à mort par la Gestapo pour actes de résistance, il sera élargi juste avant la Libération sur l’intervention de son ami et chef de maquis Laurent Olivès. Nommé, avec son épouse Jacqueline Martin, Juste parmi les Nations pour avoir sauvé des Juifs, il continuera toute sa vie le combat non-violent et recevra Martin Luther King lors de son passage à Lyon en mars 1966.
L’autrice de cette biographie très personnelle et documentée, Violaine Kichenin-Martin, fille de Jacques Martin, nous ouvre les archives familiales d’un résistant déterminé qui traversa le siècle avec une sérénité et une foi inébranlables. Le préfacier, Patrick Cabanel est directeur d’études à l’Ecole pratique des hautes études. Il s’est particulièrement intéressé au protestantisme à propos duquel il a écrit de nombreux ouvrages de référence, dont De la paix aux résistances, les protestants français de 1930 à 1945 (Fayard).
Louise Trocmé est la fille de Paul Trocmé, important industriel protestant de Saint Quentin. En 1914, elle est veuve et s’occupe de ses enfants ainsi que de ceux de son père, veuf lui aussi. Quand les Allemands envahissent le nord de la France en 1914, elle commence un passionnant journal qui détaille au jour le jour les exactions allemandes et les réactions des Français.
En effet le Nord de la France et la Picardie furent occupés par les Allemands très rapidement après le début de la première guerre mondiale. Durant toute la guerre, les populations durent vivre sous le joug allemand et payèrent un lourd tribut, personnel et financier, à l’occupation. L’infrastructure industrielle, particulièrement importante dans cette région, fut durement touchée par les réquisitions, les vols et les destructions. Louise Trocmé, très au fait de la marche de la fabrique assiste au pillage systématique et le relate au jour le jour.
Un document majeur pour comprendre l’impact moral, culturel et économique de l’occupation présenté et annoté par Hélène Trocmé, historienne et nièce de Louise Dumas, qui a enseigné l’histoire des États-Unis à l’Université Marc Bloch de Strasbourg puis au Centre d’Histoire Nord-Américaine de l’Université de Paris I- Panthéon-Sorbonne.
Préface d’Annette Becker, professeure à l’Université de Paris Ouest, et auteure Les cicatrices rouges, 14-18, France et Belgique occupées. (Fayard, 2012) et Voir la Grande Guerre, un autre récit, Armand-Colin, 2014.
En 1915, en première ligne dans le secteur meurtrier du bois de la Gruerie, un jeune sergent, pasteur missionnaire rentré du Lesotho, sort de sa tranchée pour sauver un blessé allemand.
Pacifiste engagé il refuse ensuite de écrire à son colonel la tranchée ennemie aperçue lors du sauvetage car dit-il : « j’y étais en homme de Paix, pas en homme de guerre ». Menacé du Conseil de guerre, Jules-Philippe Guiton répond : « Je serai fusillé ! ».
L’affaire remonta jusqu’au Ministre de la Guerre et finalement Jules-Philippe Guiton est interné dans un asile d’aliénés. Il décéda en 1917 des suites de la tuberculeuse osseuse contractée dans les tranchées.
Patrick Cabanel est directeur d’études à l’École pratique des hautes études. Il a récemment co-dirigé le volume de la Société d’Histoire du Protestantisme Français sur les Protestants et la Grande Guerre.
« [Une] correspondance passionnante et abondante, exceptionnelle même ! »
Xavier Boniface dans la Revue d’Histoire de l’Eglise, 2015
« véritable édition scientifique de ces textes, avec toute une série de notes, érudites mais très claires»
André Encrevé, Bulletin de la Société d’Histoire du Protestantisme Français, 2015.
Dans le 2e tome de cette correspondance, Henri et Hélène Nick abordent tous les aspects d’une guerre qui est maintenant totale. Les combats de Champagne du début de l’année 1915 sont parmi les plus durs qu’Henri Nick connaitra : leurs paroissiens sont touchés soit par l’occupation allemande, soit par la mort de proches ; leur famille et leurs amis ne sont pas épargnés.
Et pourtant, ils essaient de poursuivre leurs engagements malgré les difficultés liées au conflit. La suite de cette correspondance exceptionnelle par sa richesse et par les personnalités atypiques d’Henri Nick et de son épouse Hélène, nous plonge toujours plus en avant dans la vie de ces chrétiens engagés et de leur entourage au front comme à l’arrière.
Le pasteur Henri Nick (1868-1954) est l’une des grandes figures du Christianisme social protestant. Pendant plus de cinquante années, il fait de l’évangélisation populaire dans le faubourg lillois de Fives. Conscient de l’importance du milieu dans la construction d’individualités libres, il se préoccupe aussi bien de la misère sociale que de la situation morale de celles et ceux qui fréquentent le Foyer du peuple.
Aumônier pendant la Première Guerre Mondiale, il s’illustre en 1916 lors des combats de Verdun puis de la Somme, durant lesquels il est blessé, ainsi qu’au Chemin des Dames en avril 1917.
De sensibilité socialiste, sans être un pacifiste radical, il soutiendra les revendications des objecteurs de conscience dans les années trente puis assistera des familles juives persécutées durant la Seconde Guerre mondiale. Il sera reconnu « Juste parmi les Nations ».
Voici deux intellectuels socialistes de culture protestante, proches de Jaurès, avec leur franc-parler, leurs admirations et détestations, leurs problèmes de pacifistes enfermés dans la guerre. La séparation a produit ces lettres d’où ressort le contraste entre front et arrière, chaque correspondant essayant de comprendre la situation de l’autre et lui demandant de la décrire sans détours. Jules livre ses observations sur la vie des tranchées, les moments chauds à Verdun et dans la Somme, son contact avec la boue et les rats, les poilus et les officiers. De Paris, Marie-Louise raconte la préparation de la revue La Paix par le Droit, les problèmes d’ego au sein de l’équipe, ses démêles avec la censure. Au contact de hautes personnalités parisiennes et étrangères, elle donne à son mari, et donc aux lecteurs de ce livre, des informations passionnantes sur les coulisses du pouvoir, les missions internationales, les organisations féministes et pacifistes. Et qui mieux que leur amie chargée d’ouvrir le courrier de Barrès pouvait attirer l’attention des Puech sur les lettres d’injures venant du front, dont une contenait des poux destinés au grand embusqué jusqu’au-boutiste ?
Professeur émérite d’histoire à l’université de Toulouse Jean Jaurès, Rémy Cazals a fait connaître de nombreux témoins de la Grande Guerre, notamment le tonnelier Louis Barthas, dont le livre est devenu un classique.
Correspondance remarquable et importante » Patrick Cabanel
On oublie souvent qu’une grande partie des soldats français durant la grande guerre n’avaient pas le français comme langue maternelle mais s’exprimaient quotidiennement dans une langue régionale.
Louis Bonfils, officier du XVIème corps est de ceux-là : et quelle langue ! l’occitan languedocien d’un félibre énergique, engagé et « grande gueule » : Soui counougut couma l’ouficiè lou mai emmerdant de touta la divisioun
Doublement patriote, pour la France et pour la langue d’oc, Bonfils se bat au front comme il se bat dans son régiment. Cité pour bravoure un jour, et passé en conseil de guerre un autre (pour avoir pris à partie son supérieur qui insultait les soldats du midi), Bonfils sait que la guerre s’écrit à l’arrière, et il veut donner une vision plus proche de la vérité du front.
Quand Clémenceau, Joffre et le sénateur Gervais accusent les soldats méridionaux d’être responsables de la retraite de Lorraine en Août 1914, Bonfils exhorte ses « pays » à la fierté et au courage et surtout à continuer à parler occitan : « es pas en francimand que pourrès vous rapelà das bords dau Rose ou das serres de las Cevenas. »
Il nous raconte la guerre comme il la voit, les permissions où l’on se repose, « avèn ben manjat, ben begut, parlat en lenga ..» et les visions horribles des cadavres des deux camps : « Pos creire que, quoura pense à -m-acò, soui encara boulegat. »
Tombé au front en 1918, il ne fait pas de doute qu’il a dit à la mort ce qu’il disait à ceux de ses supérieurs ou collègues qui l’importunaient : Me fas cagà !
Noël 14 : déjà près de 500 000 jeunes soldats tués en moins de 6 mois d’une guerre qui était annoncée comme courte et victorieuse. L’illusion d’une fin rapide du conflit se dissipe, notamment pour ceux qui sont au front et leurs familles. L’Union Sacrée des politiques a été lézardée très vite par l’infâme rumeur de lâcheté portée sur le XVème corps (« les régiments du midi »), par les fausses accusations sur les membres du clergé et par les manœuvres des profiteurs et des embusqués.
Les lettres de ce recueil datent toutes de cette période de Noël 14 ; elles montrent le désarroi de ces chrétiens confrontés à l’absence, souvent à la perte d’êtres aimés. Dans cette sélection émouvante, on retrouve tous les sujets que la censure et la propagande des journaux voulaient masquer : les erreurs de l’État-major et du gouvernement, le froid, la faim et la maladie, les pertes énormes et l’horreur de cette guerre « industrielle », les fraternisations et le pacifisme d’une partie des troupes.
Mais on y perçoit aussi l’espérance qu’un jour la victoire appartienne au Prince de la Paix et que les folies des hommes cèdent devant le message d’amour du christianisme.
Pourquoi Dieu n’intervient-il pas pour empêcher cette guerre ?
Cette question, sous diverses formes, tenaille les croyants dès la déclaration de guerre.
Henri et Hélène Nick, chrétiens sociaux pacifistes, aspirent à un monde réconcilié, prémices du Royaume de Dieu. Ils vivent ce temps de guerre comme un échec. S’ils adhèrent à l’ « Union sacrée », la question essentielle demeure : comment témoigner de leur foi en un Dieu d’amour au milieu du cataclysme ?
Henri Nick s’engage comme aumônier dès août 1914 ; il a 46 ans !
Sur le front, il retrouve des jeunes hommes qui, la veille encore, fréquentaient le Foyer du peuple de Fives, œuvre d’évangélisation populaire qu’il a fondée en 1901. Rapidement, il poursuit auprès d’eux son ministère de pasteur et d’aumônier avec le soutien de sa famille réfugiée à Marseille qui, de son côté, assure aussi le lien avec certains réfugiés du Nord.
Cette correspondance exceptionnelle par sa richesse, l’est aussi par les personnalités atypiques d’Henri Nick et de son épouse. A une époque encore marquée par un anticléricalisme virulent, il illustre l’action essentielle d’un homme d’Église au front et la capacité de réflexion et d’action d’un chrétien engagé face aux catastrophes de ce monde.
Le pasteur Henri Nick (1868-1954) est l’une des grandes figures du Christianisme social protestant. Pendant plus de cinquante années, il fait de l’évangélisation populaire dans le faubourg lillois de Fives. Conscient de l’importance du milieu dans la construction d’individualités libres, il se préoccupe aussi bien de la misère sociale que de la situation morale de celles et ceux qui fréquentent le Foyer du peuple.
Aumônier pendant la Première Guerre Mondiale, il s’illustre en 1916 lors des combats de Verdun puis de la Somme, durant lesquels il est blessé, ainsi qu’au Chemin des Dames en avril 1917.
De sensibilité socialiste, sans être un pacifiste radical, il soutiendra les revendications des objecteurs de conscience dans les années trente puis assistera des familles juives persécutées durant la Seconde Guerre mondiale. Il sera reconnu « Juste parmi les Nations ».
Ancien poilu, choqué par la « fausse beauté du carnage », un inconnu austère et méthodique vient démolir le beau consensus patriotique en critiquant violemment les auteurs de récits de guerre à succès du moment.
Traitre ou imposteur pour certains, rénovateur de l’historiographie moderne pour d’autres, Jean Norton CRU ose, au nom de la Vérité due aux combattants, remettre en cause les mythes du patriotisme et du courage alimentés par les « marchands de gloire ».
Plus de 80 ans après la parution de son ouvrage clé, Témoins, Jean Norton Cru divise encore mais son apport à la vision des témoignages de guerre fait référence.
Jacques Vernier, pasteur , passionné par l’histoire de l’Ardèche, nous fait découvrir cette personnalité attachante et irritante. Il le suit depuis sa petite enfance polynésienne et ardéchoise jusqu’à sa vie aux États-Unis et ses séjours familiaux dans la Drôme. Il analyse les influences culturelles et religieuses de cet indigné rescapé de Verdun qui fit tant pour réhabiliter les témoignages des poilus et montre comment, après 50 ans d’oubli, Norton CRU ressurgit au tournant du 21ème siècle dans les débats autour de l’historiographie de la Grande Guerre.
Préface de Philippe Joutard, agrégé d’histoire et spécialiste du protestantisme et de la mémoire orale et populaire.
Descendant d’une famille huguenote de Nîmes, Werner Goll, pasteur de l’Église confessante puis fourrier dans la Wehrmacht en Russie et en France, finit par déserter et entrer chez les résistants italiens, les partigiani, en butte aux atrocités de l’armée allemande. Auparavant, dans sa paroisse, il avait opposé une résistance non violente au pouvoir nazi.
Plus de 80 ans après l’accès de Hitler au pouvoir (1933), on connaît mal hors d’Allemagne les résistances intérieures au régime du IIIe Reich, notamment celle des milliers de pasteurs membres de l’Église dite confessante, antinazie, illustrée par le martyre de Dietrich Bonhoeffer et de Martin Niemöller.
Frank Bridel, journaliste auteur de nombreux ouvrages historiques et politiques, décrit, sur la base d’une recherche historique menée par le fils de Werner Goll, la lutte quotidienne de cet homme, indompté en dépit des persécutions.
Ce livre raconte comment un pasteur déterminé, soutenu avec courage par ses paroissiens, put tenir tête à l’Église hitlérienne malgré la terreur instaurée par un système dictatorial.
Préface de Jean-Pierre Richardot, ancien journaliste au «Monde» et à «France 2», puis collaborateur de Lionel Jospin au Ministère de l’éducation nationale, auteur, notamment, du « Peuple Protestant Français aujourd’hui » (Robert Laffont 1980) et de « Une Autre Suisse, un Bastion contre l’Allemagne nazie » (Paris-Genève 2002).
« l’Appel du sol, un des meilleurs livres de la guerre, net, vaillant, vivant, merveilleusement juste en même temps qu’exact, le plus équilibré peut-être qu’on ait écrit sur la grande renouveleuse de toutes les questions, » Le Figaro 1917
« un ouvrage qui reste pourtant le premier en date des grands livres de guerre ». Hervé Bazin
« Lire aujourd’hui L’Appel du sol, c’est replonger dans le cauchemar vécu par un bataillon de chasseurs alpins. Tout y est, les marches, l’attente, l’ennui et l’angoisse qui précèdent le combat, l’affrontement, les morts, le bonheur du ravitaillement.» Le Figaro 2008
« très noble et très fier ouvrage où les pages descriptives sont parmi les plus poignantes que les combattants aient produites.» André Billy
« Parmi les meilleures œuvres de ce genre ! Adrien Bertrand avait des dons littéraires remarquables… Sa mort à vingt-huit ans est une des pertes les plus cruelles que la littérature ait subies du fait de la guerre ». le Vigny de sa génération. » . Jean Norton Cru, Témoins.
Né en 1888 à Nyons, Drôme, d’un père pasteur qui deviendra Secrétaire général de la Ligue contre les embusqués, Adrien Bertrand fait ses études à l’École Alsacienne, et commence à Paris une carrière de journaliste et de poète. Socialiste et pacifiste, il créée un revue littéraire « les Chimères » et collabore à plusieurs journaux littéraires et politiques. En 1914, il est mobilisé et après quelques semaines au front sera rapatrié pour raisons médicales. En 1916, il reçoit le prix Goncourt 1914 pour son roman l’Appel du Sol, rédigé à l’hôpital, à partir de ses notes et de celles de son frère Georges Bertrand-‘Vigne. Il décède en 1917. Un prix Goncourt de poésie, financé par un legs de sa femme, porte son nom.
L’Appel du sol, paru en feuilleton « en semi-direct » dans la Revue des deux mondes à partir du mois d’Août 1916, n’est pas qu’un magnifique et réaliste roman de guerre. Écrit par un jeune pacifiste patriotique ami de Clemenceau, (qui fut son témoin de mariage), c’est une plongée dans la France de 1914 vue par un intellectuel humaniste au front. Rien n’y manque ; le patriotisme ardent de certains officiers mis en valeur par l’indifférence, voire le cynisme des soldats, l’incompétence meurtrière d’une partie de l’État-major clairement perçue sur le front par l’absurdité de certaines offensives, menées malgré tout par des soldats courageux et massacrés, l’amour d’une certaine vision de la France par ces soldats méridionaux envoyés à la mort dans le Nord et l’Est qu’Adrien Bertrand réhabilite alors que la presse parisienne les conspuait.
Pacifiste avant la guerre, patriote au front, critique vis-à-vis de la hiérarchie militaire, humain et courageux avec ses troupes, Adrien Bertrand écrira quelques mois avant sa mort en 1917 : « Il y a tant de sang que je suis écœuré et qu’il noie, pour moi, jusqu’à la noblesse de la lutte ».
Nouvelle édition 2014, avec la préface d’Hervé Bazin de l’Académie Goncourt, et un avant-propos biographique détaillé d’Yves Guèrin.
Gilbert Lesage est une de ces énigmes passionnantes du XXème siècle ; fonctionnaire de Vichy, chef de l’important Service Social des étrangers qui intervient directement dans les camps d’étrangers en France il détournera l’action de son service pour en faire un important outil de sauvegarde des Juifs au nez et à la barbe de Vichy. Quaker engagé et activiste inclassable, il échappera de peu à la Milice mais reste une personnalité étrange et controversée.
L’auteur tente d’éclairer les mobiles et les limites de l’action de Gilbert Lesage ; Le SSE a-t-il permis de protéger de nombreux internés de la Shoah ou fût-il une cible facile de rafle pour la Police de Vichy ?
Jeune universitaire passionné par la Résistance, Olivier Pettinotti a centré ses recherches sur les activités résistantes de certains fonctionnaires de Vichy.
Après son mémoire de maîtrise sur Gilbert Lesage dont est tiré cet ouvrage, il a prolongé son travail sur le rôle du SSE et de ses agents.
Chrétien à l’écoute et tolérant, il s’est particulièrement intéressé à la « banalité du bien » et à la résistance non-violente.
Il décède en 2006 à 33 ans, des suites d’une longue maladie.
Avec une préface d’Anne Grynberg, professeur des Universités en histoire contemporaine.