
Après une vie bien remplie de hobereau local, noble Durand, un protestant drômois de Die en Dauphiné, se prépare à passer en paix ses dernières années dans sa Drôme natale. Mais Louis XIV a décidé d’extirper l’ « hérésie », et Durand, huguenot pieux et déterminé échappe de justesse aux dragons et s’enfuit à travers la Provence.
Quelques jours plus tard, il apprend le pillage de sa maison et la conversion de sa fille. Il décide alors de partir, bravant l’Édit royal qui lui interdit de quitter le royaume et s’embarque pour l’Espagne puis l’Angleterre. A Londres, une de ces « fortunées contrées où l’on prêche la vérité sans aucun trouble », il cède à la propagande de peuplement des colonies et s’embarque pour le Nouveau Monde.
Partout où il passe, Durand se fait des amis, et malgré des épreuves fréquentes, il garde une foi inébranlable et un optimisme impressionnant. Son récit empreint d’une piété sincère nous fait découvrir un homme qui au soir de sa vie s’éprend d’un nouveau pays, se passionne pour son potentiel agricole, ses habitants et ses capacités de développement et décide de convaincre ses co-religionnaires de l’intérêt de s’y installer.
On n’en sait pas plus sur Durand ; où s’est-il installé et quand est-il mort ? Mais ce huguenot drômois forte tête et attachant nous a laissé un document unique sur deux phénomènes majeurs du XVIIème siècle : la fuite des Huguenots de France et le peuplement des futurs États-Unis. Son témoignage de première main aide à comprendre la culture et la mentalité des huguenots du Refuge (voir les ouvrages de Weiss) et complète d’autres récits comme ceux de Fontaine et Samuels de Pechels.
Cet ouvrage abondamment illustré est passionnant pour qui s’intéresse à l’histoire du protestantisme comme à celle des débuts de la civilisation américaine.
Prix recommandé : 18 euros